Très cher Bastian, comment allez vous ?
Londres est une ville fascinante, vous aviez bien raison. Je m'émerveille de la mode  victorienne, même si évidemment, je n'arrive toujours pas a accepter les corsets, instruments de tortures pour la cage thoracique et les poumons. Sérieusement, comment toutes ces dames peuvent-elles supporter cela ? Je devine que vous devez adorer le leur enlever, volage comme vous êtes.
Suite à vos conseils, j'ai un peu changer de physique. Évidemment, je ne peux rien faire pour mes 165 cm. Mais je suis assez contente de moi, je me suis légèrement affinée. Bien sûr je ne préciserais pas de combien car ce serait admettre que mon tour de taille n'était pas dans la moyenne à un moment. Je sais, je vous entend déjà dire que j'étais paranoïaque, mais que voulez vous, je suis une femme.
Je me suis laissée pousser les cheveux et maintenant, finit les deux petites mèches et bonjour la longue tignasse. Étrangement, j'ai parfois l'impression qu'ils virent un peu au rose. Je ne sais pas si je dois prendre ça avec amusement ou m'en effrayer. Et je ne pourrais pas dire qu'il s'agit du soleil Londonien qui fait cela, il ne monte pas souvent son nez.
Pareil pour mes yeux d'ailleurs. C'est assez étrange, voir même mystique. Vous pensez que c'est parce qu'à Londres il y a une atmosphère plus étrange qu'à Paris ? En tout cas, je trouve que mes iris ont viré au bleu. Je trouve cela assez loufoque.
Je sais ce que vous vous demandez et je vois déjà votre regard lubrique. Mes mensurations sont toujours les mêmes. Mais cela ne veut pas dire que j'ai envie que vous envisagiez déjà de m'envoyer une robe à décolleté plongeant pour montrer ma 'poitrine imposante' comme vous aimez dire...

En tout cas, apprenez que la mode ici n'est pas si différente que celle de France. Plus de robes d'un genre gothique, mais, je peux ressortir mon ensemble de poulbot et ça passe toujours très bien. Les enfants des rues ou même les simples prolétaires, mettent également ce genre de tissus et j'avoue que j'en profite énormément. Finit les tenues affriolantes que je pouvais me permettre de porter  en France. Ici les mentalités sont plus renfermés et ils jugent très vite. Mon patron m'avait bien prévenu et je ne peux que le constater de mes propres yeux. Aussi, il m'arrive fréquemment de porter les robes que vous m'aviez confectionné. Avec les jupons et dentelles, me faisant parfois passer pour une jeune bourgeoise un peu dévergondée. Oh évidemment, parfois je ne résiste pas d'enfiler quelques habits plus décontractés, mais jamais rien qui pourrait me faire voir comme une catin. Je crois que j'avais assez de réputation comme ça à Paris.
Vous savez quoi ? Le seul détail qui casse toujours tout dans mes tenues, c'est ma besace en cuir. Je ne la quitte jamais. Vous n'imaginez pas tout ce que je peux trouver au détour d'une rue ! Aussi je garde précieusement mon appareil photo et mon carnet de notes...
Oh ne vous moquez pas de mon look, je vous entend déjà rire. Mais que voulez vous, je suis ainsi après tout, vous me connaissez ainsi.
J'espère que de votre côté, les affaires marchent et que vous ne draguez pas trop toutes les clientes de passage.
Affectueusement, Valentine -et ceci en toute amitié !-

Salut Papa !
Crois moi, c'est l'endroit idéal pour se donner de l'inspiration. Il suffit que je ne trouve plus mes mots -ce qui n'est pas difficile étant donné que je dois tous rédiger en anglais- il me suffit d'aller me promener dans la rue ou au Hyde Park pour aussitôt retrouver des idées et autres tournures de phrases. Si ça marche pour moi, je devine que tu arriverais à nous écrire un roman les doigts dans le nez. Par ailleurs si tu désires venir, n'hésites pas, ce sera avec grand plaisir.
Quand je pense qu'au début, j'avais peur de partir à l'inconnu comme ça, loin de mes amis, maintenant j'y ai pris mes marques et je suis à l'aise. Même si j'appréhende, au final je reste toujours la même. Une assoiffée d'aventures et de mystères. Ici aussi ils ont leur lot de secrets et légendes non résolus. J'ai entendu bien des rumeurs macabres qui effraie la populace, mais tu devineras que pour moi, c'est particulièrement palpitant. Ne t'en fais, je reste tout de même prudente. J'ai beau avoir été une gamine qui fonce sans réfléchir, à présent je sais gérer quand il faut ne pas trop s'aventurer dans des histoires peu recommandables.
Ahlala, tellement de phénomènes paranormaux, je ne sais plus où en donner de la tête.  Heureusement que je ne suis pas sujet aux angoisses que ressentent généralement les autres. Je ne sais pas de qui je tiens ça. De maman et de son sang froid face au sang et aux blessures écœurantes qu'elle voit à l'hôpital, ou de toi et de ton amour pour tout ce qui touche au thriller, fantastique et horreur ? En tout cas c'est bien utile que je vais sur les scènes de crimes pour rédiger mes articles ou quand je vais à la morgue afin de voir l'état des cadavres. Je vois des choses vraiment répugnantes, mais leur vu ne me traumatise pas, j'ai l'estomac solide. Seul la vue des corps grouillant d'insectes arrivent à me faire partir, mais par chance, ici, les corps sont vite retrouvé avant que cela n'arrive.
Tu sais, je trouve qu'en Angleterre les gens sont beaucoup plus coincés qu'en France. Moi qui me trouvais déjà pas mal excentrique, là j'ai un mal fou pour ne pas me faire remarquer. Et dire que je ne me sentais plus étranges avec mes cheveux rouges, finalement c'est ma gestuelle et mon franc parlé qui se font immédiatement voir.
Bon je ne me débine pas pour autant, je suis pas du genre à flancher pour si peu, mais j'avoue parfois que je perd patience lorsque ceux que j'ai en face sont obstinés et désagréables au possible. Ne peut-on pas être courtois et souriant pour changer ? Moi je le suis et je le vis très bien !
Oh par contre il y a une chose que j'aime beaucoup ici: Les gentilshommes avec leur dégaine de dandy. Le style british est fort plaisant, je ne cesse de croiser des hommes en redingotes qui attirent mon regard. Je me sens amoureuse ici. Je l'étais déjà à Paris, mais ici, ça me motive encore plus. Loki n'arrête pas de me dire de ne pas sauter sur le premier venu, mais j'avoue avoir du mal (rire). En même temps la faute à qui, hein monsieur le papa frivole !
(Heureusement quand même que maman n'est pas avec moi, elle serait pire et irait voir tous les hommes de bonne famille qu'elle verrait pour me marier avec l'un d'eux).
Je te rassures, pour le moment je n'ai pas trouvé de « créatures ». même si j'en meurs d'envie, je me focalise sur les humains. Je ne voudrais pas faire des infidélités à ceux du Cabaret !

Aller je vais te laisser retourner à tes romans. Je t'embrasse fort et salut maman pour moi !
Avec tous pleins de bisous, Valentine.

Mon cher Ephraïm,
Je ne sais pas quand tu pourras lire cette lettre, j'avoue qu'écrire à un croque mitaine qui vadrouille toujours de droite à gauche, ce n'est pas aisé. J'ai mis l'adresse du Cabaret, j'espère que tu parviendras à l'obtenir sans que le patron ne finisse par la lire. Si c'est pas le cas, alors ce n'est qu'un petit fouineur !
J'ai encore du mal à me mettre cette idée dans le crâne: Je suis à Londres ! Je sors des sentiers battus et je vis la grande aventure, montant les échelons par mes propres moyens et tout ça dans une langue dont je n'ai pas encore acquit tous les concepts.
Mais je me débrouille, il ne faut pas s'en faire.
Loki reste toujours près de moi en toute circonstance. Tu n'as pas idée comme ça me fait du bien de savoir qu'il veille sur moi. Il a beaucoup de mal avec l'anglais et ne cesse de se plaindre, trouvant déjà le français assez complexe comme ça. Je ne peux pas lui en vouloir, après tout, il a apprit en quelques mois ce qu'un enfant apprendrait durant sa jeunesse.
J'ai encore du mal à me dire qu'il n'est en réalité qu'un chien. Qui aurait cru qu'un animal pouvait pactiser avec démon sans s'en rendre compte ? Je ne peux lui en vouloir d'avoir désiré devenir humain, mais je ne peux m'empêcher de frissonner dans l'idée qu'il aurait pu se faire voler son âme si seulement ce démon n'avait pas été un débutant. Poser un sceau sur sa queue et oublier qu'elle allait disparaître lorsqu'il deviendrait un homme, le rendant caduc. C'est dingue tout ça !
Enfin tout ça est loin derrière nous et l'oncle de ce démon débutant m'a promit qu'il ne lui divulguera jamais ces informations.

Le journal londonien est plus calme que celui de Paris. Je connaissais les courses poursuites dans les couloir pour donner les articles terminés avant la clôture. Ou encore les débats enflammés pour savoir si une information méritait d'être publiée. J'adorais cette ambiance. Surtout avec mon patron qui pendant ce temps là, courrait derrière les demoiselles, fier de lui. Il me manque. Mais il m'a fait confiance en m'envoyant ici et je ne le décevrais pas ! Bon, je dois encore éviter de sauter sur les journalistes qui décident soudain de rentrer chez eux sans chercher plus de détails. A croire qu'ils ne sont pas mordu de vérité ! Ou alors sont ils simplement fainéant ?
Je compte bien leur montrer ce que la petite française a dans le ventre ! Je suis certainement plus compétente que certain d'entre eux !
D'ailleurs tu sais quoi ? J'ai renouvelé l'expérience d'aller à la source même des informations. Scotland Yard est vraiment l'élite et j'avoue que ce n'est pas comparable à chez nous, même si j'aimais beaucoup m'y rendre. Là je ne sais pas, il y a une atmosphère différente. Déjà ils sont plus secs, moins tolérants. Tu devines que j'ai eu du mal à me faire accepter. Ils me trouvaient trop curieuse malgré le calme que j'affichais. Heureusement qu'à mes débuts je n'étais pas venu ici sinon tout aurait été foutu.
J'ai croisé un policier albinos, du genre pas à approcher. Même si il n'est pas vilain, je ne sais pas pourquoi, mon instinct me crie de ne pas m'en approcher. J'ai une confiance absolu en cet instinct et je vais m'y tenir. En revanche, j'ai quand même réussi à faire ami ami avec le légiste. Il est un peu renfermé, mais il accepte généralement ma présence. Je suis certaine qu'au début il avait laissé coulé en espérant que je tourne de l’œil ou que je sois prise de nausées devant les cadavres. Il m'a grandement sous estimé et à présent il m'accueille toujours avec un petit sourire en coin.
Il est drôlement mignon et a un petit air familier. Il ressemble un peu à notre commissaire, mais seulement d'un point de vu physique. Et lui aussi est un gros fumeur.
Pour une fois, Loki n'a pas sentit en lui un danger ou un immortel et donc me laisse flâner avec lui sans grogner. C'est très étrange à voir connaissant ce toutou, mais j'en suis ravie. Je ne me suis pas encore faite d'amis ici et j'apprécie cette nouvelle rencontre.
J'ai aussi fait copain copine avec un détective privé lors d'une enquête. Encore un fumeur, mais contrairement aux autres, je trouve que c'est un amour. Gentil et un peu froussard, mais débrouillard et très comique. J'aime beaucoup partager mes infos avec lui !

Évidemment, tu devineras facilement que je vais encore sur le terrain pour trouver des choses appétissantes à résoudre ou à publier. Étrangement je ne saurais pas dire si c'est plus facile ou plus compliqué. Je trouve fréquemment de quoi m'occuper mais ces mystères ne dégagent pas la même ambiance qu'à Paris. Je dirais presque que c'est mystique tout ça. Mais je ne me débine pas et je suis certaine que je vais grimper les échelons pour devenir une grande journaliste londonienne. Eh ouais rien que ça ! (rire). L'anglais n'a qu'à bien se tenir car je suis certaine de pouvoir maîtriser cette langue aussi bien que les natifs !

J'espère que tu viendras un jour me voir, tu me manque énormément.
Tendrement, Valentine.

Ps: Hey Mr. E, arrêtes de lire le courrier des autres et donne cette lettre à Ephraïm sinon je donne une mauvaise image de ton cabaret aux anglais qui ont envie de visiter Paris. Sois prévenu ! o/